Le général Cyrille Youchtchenko
Commandant la Légion étrangère
La flamme Olympique arrivera à Marseille le 8 mai 2024. Allumée selon la tradition antique, à l’aide des rayons du soleil, elle est le symbole des valeurs positives que l’homme a toujours associées au feu et elle fait ainsi le lien entre les jeux anciens et les jeux modernes. De fait, la flamme ou le flambeau est un symbole parce qu’il éclaire (les choix tactiques et moraux de chacun), parce qu’il réchauffe (les cœurs), parce qu’il nécessite d'être entretenu au risque de s’éteindre, parce qu’il oblige à un effort pour le tenir bien haut, parce qu’il éloigne les dangers et enfin parce qu’il faut le protéger. Quel meilleur symbole que le flambeau pour illustrer les Traditions car “la tradition n'est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu1” ?
On se demande parfois d’où viennent les traditions, qui les a inventées et à quel moment. On se demande moins souvent pourquoi elles perdurent de génération en génération. C’est pourtant une question essentielle.
Les traditions qui s’inscrivent dans le temps ont toutes en commun d’avoir du sens pour ceux qui les reçoivent mais encore plus pour ceux qui les transmettent. Une tradition vide de sens s’apparentera au folklore et ne perdurera pas. Par sédimentation, au fil du temps, la transmission de cette flamme, de ces traditions imprégnées de sens va forger l’identité d’une troupe, d’une unité. Propres à un corps, elles vont le distinguer des autres. C’est, notamment, par ses traditions que la Légion étrangère conserve les valeurs fondamentales qui font sa force et son identité. L’écrivain Pierre Mac Orlan ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare que “le jour où un légionnaire ressemblera à s’y méprendre à un soldat d’infanterie, il n’y aura plus de Légion”. Ce patrimoine, hérité des Anciens, nous montre d’où nous venons, nous ancre dans ce que nous sommes et nous guide dans ce que nous serons.
Par respect pour nos Anciens et par devoir pour les plus jeunes, nous avons l’obligation de perpétuer ces traditions en nous inspirant de l’esprit qui les a fait naître. Ainsi, il appartient aux chefs et aux Anciens d’initier les plus jeunes légionnaires à ces rites pour qu’ils soient pénétrés au tréfonds de leur cœur et de leur âme de la portée d’une tradition. Il se peut parfois qu’on n’en saisisse pas d’emblée toute l’essence, même si l'on peut en sentir instinctivement la nécessité et l'importance. Un effort doit donc accompagner la transmission des traditions pour qu’elles résonnent dans l’esprit des plus jeunes, comme un écho aux sacrifices de nos Anciens. Ainsi imprégnés, les jeunes légionnaires pourront, quelques années plus tard, les transmettre à leur tour et graver ces “petites histoires” dans la grande histoire de la Légion.
Mais plus que le sens et la transmission, il faut rechercher la finalité des traditions. Celle-ci est simple : forger et assurer la cohésion d’une troupe pour la préparer aux combats de demain, comme nos Anciens ont su le faire dans le passé. La force et la raison d’être de la Légion est bien de rester une troupe combattante.
D’ailleurs, lorsque la Musique commence à battre la mesure du Boudin, le refrain de tradition de la Légion, les troupes se mettent en ordre de marche pour le défilé, comme elles se mettraient en ordre de bataille pour le combat. C’est ainsi qu’après un départ sur un rythme de marche, le Boudin prend un accent plus guerrier et, comme nos Anciens, pour la France et la Légion “nous saurons bien tous périr, suivant la tradition”.
Le général commandant
la Légion étrangère