“La 13e Demi-brigade de Légion étrangère actuellement stationnée aux émirats arabes unis sera transférée sur le camp du Larzac et verra ses effectifs renforcés. Un groupement tactique interarmes aux effectifs militaires similaires à ceux actuellement déployés relèvera sur place la 13e Demi-brigade…”. Cet ordre, diffusé le 31 juillet dernier, découle de la volonté politique de donner aux forces opérationnelles terrestres les moyens de tenir leur contrat opérationnel redimensionné pour un engagement dans la durée sur le territoire national. Il traduit la volonté du chef d’état-major de l’armée de Terre de construire le modèle “Au contact” pour remplir efficacement les missions de demain, découlant des nouvelles menaces.
Clin d’œil de l’histoire : c’est au camp du Larzac, ré-ouvert pour l’occasion en mars 1940, que la 13, nouvellement créée, perçut ses équipements et s’entraîna pendant trois semaines avant de partir pour la Norvège. Née pour faire la guerre, baptisée au feu lors de la seule victoire française de 1940 à Bjervik et Narvik, choisissant le camp du combat, auréolée de gloire à Keren, Massaouah, Bir Hakeim, El Alamein, Rome, Colmar et Authion, cette unité compagnon de la Libération donna à la France 96 compagnons. De 1940 à 1962, elle ne connut que la guerre, avec les sacrifices et les victoires que l’on connaît, pour libérer la France, puis pour combattre afin de défendre ses valeurs en Indochine et en Algérie.
Dans l’histoire des régiments, l’organisation s’efforce toujours de répondre aux impératifs opérationnels : créée avec deux bataillons comme les demi-brigades de montagne, pour initialement combattre dans le froid, la 13 compta 3 bataillons en Indochine. Pour répondre aux besoins du plan Challe, elle fut réorganisée en 1958 en régiment d’intervention à 8 compagnies de combat dont une portée et une d’appui. Transférée à Djibouti en 1962 avec 4 compagnies de combat, elle devint progressivement interarmes, avec la création de l’escadron de reconnaissance en 1968, et l’arrivée du génie. Comme toutes les autres unités stationnées outre-mer et à l’étranger, elle vécut avec la professionnalisation de l’armée de Terre la transformation d’unités permanentes en unités tournantes. Structure d’accueil d’unités tournantes aux EAU depuis 2011, elle va désormais monter en puissance dès 2016 pour redevenir un régiment d’infanterie.
“Il n’y a pas d’inquiétude à se faire, car le passé est garant de l’avenir. Il y aura toujours une mission pour la Légion étrangère et, j’en suis persuadé, en particulier, pour la 13e DBLE. Vive la Légion et vive la France !” C’est par ces paroles que M. Messmer, alors ministre d’état chargé des départements et territoires d’Outre-mer, conclut son adresse à la 13e DBLE lors d’une mission à Djibouti en février 1972. L’ancien lieutenant et capitaine de la Phalange magnifique, qu’il servit trois ans, tint dans son discours les propos suivants :
- Un constat : “La Légion étrangère est absolument inséparable de l’armée française. Il n’y a jamais eu d’armée française sans régiments étrangers. La forme de ces régiments, leur organisation ont changé au cours des siècles”,
- Une cause : “Si la Légion étrangère est aussi vieille que l’armée française, c’est bien parce que les missions de la Légion étrangère ne sont pas et ne peuvent pas être différentes des missions de l’armée française, même si ces missions varient au cours des temps, au cours des âges”,
- Une motivation : “Je suis venu à la Légion étrangère par amour pour la liberté”. Citant un légionnaire, M. Messmer poursuivait : “Beaucoup des hommes qui, au cours des âges, au cours des générations, sont venus à la Légion étrangère, y sont venus pour la liberté. Et en même temps, ils y sont venus par volonté de servir la France”.
Ainsi, parce que les missions évoluent, la forme des régiments et leur organisation changent, mais la volonté de servir la France demeure. Les défis, aujourd’hui, pour la Légion étrangère sont nombreux : le 2e REI, le 2e REP, le 1er REG, le ?2e REG, et le 1er REC compteront dans les mois qui viennent une unité de combat supplémentaire à leur ordre de bataille. Le 1er REC doit transformer l’essai de la réussite de son implantation à Carpiagne. D’ici 2018, la 13 comprendra 5 compagnies de combat, une CEA et une CCL. Le recrutement augmente, avec en corollaire le rajeunissement des régiments. C’est pour cela que cette montée en puissance se fait selon le principe immuable de l’amalgame des jeunes et des anciens dans les sections. Mais les quatre piliers de la Tradition qui ont fait la force de la Légion restent notre guide : le caractère sacré de la mission, la rigueur de l’exécution, la solidarité et le culte du souvenir.
C’est notre mission majeure, pour qu’aujourd’hui, More majorum, les régiments de Légion créent un avenir digne du passé qu’ils ont construit.
Dernièrement, l’un des 96 compagnons de la 13, témoignait de l’autorité naturelle indiscutable de son commandant d’unité à Bir-Hakeim, le capitaine de Sairigné, qui, quand tout sembla perdu et qu’il fallut tenter la percée, se leva calmement et commanda “En avant la Légion !”. Les légionnaires, emportés par son élan rayonnant, remportèrent la victoire que l’on sait.
Aujourd’hui, les balles ne sifflent pas. Mais que le mot d’ordre pour la réussite de la montée en puissance de la Légion dans le cadre du modèle “Au contact” de l’armée de Terre reste : “En avant la Légion !”.
Par le Général de division Jean Maurin commandant la Légion étrangère (Képi-blanc Magazine N°780)