Le centenaire de la reconnaissance de la Géorgie par la France sera célébré le dimanche 26 septembre 2021 à l’occasion de la visite officiel de la présidente de la République géorgienne à Emmanuel Macron. Pour symboliser l’attachement des Géorgiens à la France, d’un commun accord il a été retenu de mettre à l’honneur une figure de la Légion étrangère, le lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari, compagnon de la Libération, héros de Bir-Hakeim et qui est mort au champ d’honneur lors de la bataille d’El-Alamein, au sein de la 13e demi brigade de Légion étrangère (13e DBLE).
« Nous étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait. C’est de mourir pour elle ». Une phrase qui continue de marquer ceux qui embrasse la carrière des armes en étant venu de l’étranger. La flamme devant le tombeau du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe sera ravivée pour l’occasion, en présence du président de la République, tandis qu’un buste fondu destiné à la 13e DBLE sera présenté.
Dimitri Amilakvari est issu de la maison Zedguinidzé, et est né le 12 novembre 1906 à Bazorkino en Géorgie. Il est, avec sa famille, contraint à l’exil avec l’entrée de l’Armée rouge dans son pays en 1921. Il est admis à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1924, « promotion du Rif ». A sa sortie deux ans plus tard, il est alors affecté, comme sous-lieutenant étranger, à la Légion étrangère, au 1er Régiment étranger (1er RE) à Sidi-Bel-Abbès.
En 1929, il et muté au 4e Etranger, dans la région de Marrakech et participe à la campagne du Haut-Atlas à la tête de sa section. Il est cité, le 30 mai 1932, pour les combats d’Aït-Atto. En août 1933, au cours des opérations du Djebel Baddou, il gagne une deuxième citation. Promu capitaine en janvier 1937, il est, deux mois plus tard, de nouveau affecté au 1er Etranger à Sidi-Bel-Abbès, où il commande jusqu’au mois d’août 1939 la Compagnie d’instruction de mitrailleuses.
Le 20 février 1940, le capitaine Amilakvari est affecté au 2e Bataillon du Groupement de haute montagne, et cela quelques semaines avant de recevoir la nationalité française. Pendant la campagne de France, il prend part avec la 13e DBLE aux opérations du corps expéditionnaire en Norvège, en qualité de commandant de la compagnie d’accompagnement du 2e Bataillon (CAB2). IL confirme sa valeur au combat par trois nouvelles citations et la croix de chevalier de la Légion d’honneur.
De retour en Bretagne le 16 juin 1940 avec le corps expéditionnaire et devant l’impossibilité de reprendre le combat sur le sol français, il s’embarque le 19 juin 1940 depuis Saint-Jacut avec quelques officiers de la « 13 », dont son chef, le colonel Magrin-Vernerey. A Jersey, la petite troupe est prise en charge par un cargo et parvient en Angleterre le 21 juin 1940.
Après la signature de l’armistice, il s’engage dans les Forces françaises libres, mais reste à la Légion étrangère. De Londres, il part le 31 août 1940 pour Dakar et participe à l’opération « Menace » destinée à rallier l’AOF à la France libre. Après l’échec devant Dakar, il refuse de participer à la prise du Gabon pour ne pas avoir à tirer sur des Français.
Après le ralliement du Gabon en novembre 1940, il rejoint l’Erythrée via le Cameroun. Au sein de la Brigade d’Orient, il commande la compagnie d’accompagnement (CAB1) du 1er Bataillon de Légion étrangère qui prend une part active à la victoire de Keren le 27 mars 1941 puis à la prise de Massaouah le 8 avril. Il participe ensuite à la campagne de Syrie en juin 1941 au cours de laquelle il est nommé, le 25 juin, chef de bataillon.
Le 25 septembre 1941, il est promu lieutenant-colonel après avoir reçu, le 16 septembre, le commandement de la 13e DBLE qui comprend alors trois bataillons. Entraîneur d’hommes exceptionnel, il réorgnaise son unité et à la prépare à la guerre du désert. Le 19 octobre 1941, à Homs en Syrie, il reçoit des mains du général d’armée Georges Catroux, le drapeau de la « 13 ».
En 1942, débute la campagne de Libye. Dès la fin mars, le lieutenant-colonel Amilakvari commande une Jock column (groupement tactique constitué d’éléments d’infanterie motorisée, d’une batterie d’artillerie tractée, d’un peloton d’automitrailleuses, d’une section de canons antichars de 75 mm et d’éléments légers de DCA, du génie et de transmissions radio) dans le désert de Libye.
Du 26 mai au 11 juin 1942, à Bir-Hakeim, il est l’adjoint du général Pierre Koenig, commandant la 1ère Brigade française libre, et se porte volontairement dans les endroits les plus exposés pour renseigner le commandement et redresser la situation. A la tête d’une Jock column, il attaque un détachement de chars allemands le 31 mai, en détruisant cinq. Dans la nuit du 10 au 11 juin, il sort de la position de Bir-Hakeim dans la voiture du général Koenig.
La croix de Compagnon de la Libération lui est remise par le général de Gaulle au camp de El Tahag en Egypte, le 10 août 1942. Lors de la bataille d’El Alamein, en Egypte, le lieutenant-colonel Amilakvari est à la tête de sa demi-brigade réduite à deux bataillons. Il est chargé du Groupement A de la 1ère Brigade française libre et assure l’effort principal devant permettre d’enlever le piton de l’Himeimat. Une partie du plateau est occupée mais au matin du 24 octobre 1942 les chars allemands attaquent et le repli est décidé. Au retour, au milieu des champs de mines, il est frappé à la tête par un éclat d’obus et tombe au milieu de ses hommes. Le lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari, authentique figure de la Légion étrangère, est inhumé à El Alamein.
| Ref : 746 | Date : 14-09-2021 | 12744