Editorial du Général commandant la Légion étrangère
Magazine Képi blanc N° 879
“Le front haut et l’âme fière / Marchant du pas de nos Anciens / Nous suivons, dans la poussière / Un glorieux chemin [...]”
Mais quels sont donc les Anciens mentionnés dans le chant du 5e Régiment étranger recréé par décret le 1er juin dernier et ayant reçu son drapeau ce 7 septembre ? Quel est le glorieux chemin à suivre ? Son histoire nous montre qu’il dispose d’un héritage particulièrement riche et issu de plusieurs régiments, illustrant par-là l’unité de la Légion étrangère et les liens qui unissent ses régiments.
En effet, dès sa création, qui n’a pourtant eu lieu qu’en 1930, le drapeau du 5e Étranger recevait dans ses plis, outre le nom de Camerone, l’héritage des combats menés par les 1er et le 2e Régiments étrangers d’infanterie entre 1883 et 1885 lors de la conquête du Tonkin. En rayonnant sur la terre jaune pendant vingt-six ans, il allait combattre à nouveau, cette fois contre les Japonais puis le vietminh à Sontay, Tuyen Quan et Lang Son, où des légionnaires du 5 reposent désormais au côté de leurs Anciens tombés soixante ou soixante-dix ans plus tôt ; il méritait ainsi pleinement son nom de Régiment du Tonkin.
De plus, cet héritage se transmet comme le prouve la carrière du capitaine Jules Gaucher, un des officiers les plus emblématiques du 5e Étranger, qui y a mené tous les combats de 1937 à 1947 en y commandant successivement la 5e compagnie, le 1er bataillon avec lequel il a affronté les Japonais en mars 1945, et enfin, comme commandant, le bataillon de marche créé à l’issue de la retraite de Chine menée par la Colonne Alessandri. Devenu chef de corps de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère, il y apporta sa connaissance du Tonkin avant de tomber à la tête de son régiment à Diên Biên Phu, le 13 mars 1954.
Ayant quitté le dernier en 1956, la terre indochinoise pour l’Algérie, le Régiment du Tonkin y retrouvait en opérations les autres régiments de Légion. Cette cohésion des unités, sur le terrain et dans le sacrifice, trouve une illustration symbolique lors d’une même opération dans l’Ouarsenis en mai 1959, au cours de laquelle l’adjudant-chef Valko rejoignait dans la mort ses camarades hongrois, les adjudants Szuts du 3e Étranger et Tasnady du 1er Régiment étranger de parachutistes.
Soldat et bâtisseur
Parallèlement, que ce soit en Indochine avec, par exemple, les constructions de la route stratégique Lao Kay ou du centre d’estivage de Chapa, puis en Algérie ou surtout en Polynésie dès son installation en 1963 où il prenait l’appellation de 5e Régiment mixte du Pacifique, le 5 s’est montré fidèle à la réputation du légionnaire soldat et bâtisseur. Premier régiment de génie-Légion constitué, héritier des 22e et 76e Bataillon de génie Légion en Indochine, il laissait cette arme au 6e Régiment étranger de génie créé en 1984, année même où il redevenait 5e Régiment étranger sans pour autant cesser ses travaux au profit de la population polynésienne.
Enfin, aujourd’hui dans le Canal du Mozambique, il hérite du Détachement de Légion étrangère de Mayotte, fort de près de cinquante années d’expérience dans cette zone et de cette population qui servait sous la devise reçue en 1984 du 2e Régiment étranger de cavalerie : pericula ludus – au danger mon plaisir. Ainsi, toutes ces expériences accumulées, et celles apportées par les compagnies qui se relaient au Régiment du Tonkin, renforcent encore la cohésion et l’efficacité de la Légion.
“Longue vie au 5e Étranger, à son chef et à ses légionnaires !”
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