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La Légion c’est d’abord le combat, puis le travail et enfin la fraternité et la camaraderie

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| 15 Juillet 2024 | 517 vues

L’ancien légionnaire André Chabal, doyen de l’Institution des invalides de la Légion étrangère (IILE), âgé de 99 ans et résident à Puyloubier depuis
3 ans, s’est éteint à la fin du mois de juin. Il aura servi la Légion étrangère pendant un seul et unique contrat, aux 1er et 3e BEP de 1948 à 1953. Conducteur sur la RC4 puis engagé dans les opérations de maintien l’ordre en Tunisie, il a quitté la Légion, muni de son certificat de bonne conduite (CBC). Pendant près de soixante-dix ans, il a vécu sa vie d’homme dans le civil et, au soir de son existence, il a demandé à retrouver la Légion et ses frères d’armes : cinq ans de contrat, trois ans à Puyloubier comme pensionnaire et une éternité au carré Légion... Il y rejoindra le général Rollet, ses frères pensionnaires et des figures illustres de la Légion, notamment le révérend Père Jules Hirlemann, aumônier à Bir Hakeim avec la 13e DBLE, Compagnon de la Libération, qui repose au cimetière de Puyloubier et qui déclarait : “sans fraternité humaine, il n’y a pas de Légion étrangère(2).

Cette fraternité est une fraternité au combat qui fait que le légionnaire va se dépasser pour son chef, pour la mission, pour son camarade, pour la Légion. Mais c’est aussi une fraternité qui se manifeste après la bataille, lorsque le canon se tait et qu’il faut panser les plaies physiques ou morales. Le légionnaire qui n’aura pas atteint la fameuse retraite à jouissance immédiate(3) (RJI), lorsqu’il quittera l’Institution, sans prime ni pécule, devra travailler pour vivre et subvenir à ses besoins. Alors, reprenant une idée de l’Ancien Régime, le général Rollet a créé “l’œuvre d’entraide” de la Légion étrangère, d’abord pour ne laisser aucun légionnaire sur le bord du chemin, puis lui assurer, à lui et sa famille, le soutien de l’Institution tout au long de sa vie et, enfin, le conforter dans la force de son engagement.

Cette “œuvre d’entraide” s’est consolidée d’année en année. De la création de la Maison du légionnaire à Auriol en 1934, à l’installation de l’Institution des invalides de la Légion étrangère à Puyloubier en 1954 en passant par le Service du moral et des œuvres de la Légion étrangère, sans oublier la fédération des sociétés des Anciens de la Légion étrangère (FSALE) et nos amicales, l’Entraide légionnaire grandit chaque jour en mettant en œuvre de nouveaux dispositifs, les renforçant par la loi ou des décrets afin de leur donner toute légitimité et plus de visibilité. Cette entraide est aujourd’hui cohérente, reconnue et efficace. De plus, la réflexion est permanente pour l’améliorer et la consolider grâce au conseil social de la Légion étrangère, instance stratégique consultative constituée de membres civils et militaires, rassemblés pour leurs connaissances, leurs compétences et leur affection pour notre institution, afin d’envisager le temps d’après.

Ainsi, depuis 2014, la Légion peut s’enorgueillir d’avoir deux établissements publics aux missions bien définies dans le domaine de la solidarité et de la condition du personnel. C’est au Foyer d’entraide de la Légion étrangère (FELE), que revient la solidarité, c’est-à-dire le soutien moral et matériel, le lien social, l’esprit de corps et l’engagement mutuel unissant tous les légionnaires, anciens ou d’active. Quant à la condition du personnel, elle est assurée par le Cercle mixte de la Légion étrangère (CMLE) qui détermine l’ensemble des facteurs concourant à l’épanouissement professionnel et personnel des légionnaires, notamment au quartier. C’est un acteur primordial de la cohésion et de la qualité de vie au sein de notre Institution. Organisme d’exception, créé au début des années 2010 dans un contexte d’embasement des armées, il doit son existence à la particularité du statut du légionnaire qui exige une vie au quartier dans ses premières années. Il est donc tenu d’apporter un soutien permanent dans tous les aspects de la vie courante, alimentation en premier lieu, mais aussi foyer, bazar, espaces de vie et loisirs. Décuplé en autant de succursales que de régiments étrangers, il permet à chaque chef de corps d’avoir les moyens de sa politique de condition du personnel. Il permet enfin, dans un cercle vertueux, de sceller un lien fraternel entre la Légion d’active et les Anciens à travers le reversement d’une partie des bénéfices au fonds d’entraide et de solidarité de la Légion étrangère.

C’est, en effet, un défi constant que de prendre soin de nos Anciens. Le FELE en est le garant et finance pour cela l’Institution des invalides de la Légion étrangère. Entité là aussi exceptionnelle, l’IILE a fêté le 17 mai dernier ses 70 ans d’existence. Le président René Coty, venu sur site pour l’inauguration le 2 mai 1954, ne serait sans doute pas déçu de ce qu’elle est devenue. Il en apprécierait sans nul doute les productions agricoles, dont la cuvée Esprit de corps d’un vin toujours “excellent” - aujourd’hui plus qu’hier - et qui peut désormais se déguster au cœur du nouveau chai. Il pourrait constater l’excellence de l’accueil fourni à nos Anciens mais aussi aux blessés des combats récents. Il serait admiratif de la qualité des occupations proposées aux pensionnaires. Il validerait à coup sûr les investissements majeurs en cours ou à venir, comme la rénovation du musée de l’uniforme ou l’extension de l’infirmerie pour améliorer constamment le fonctionnement de l’IILE.

70 ans de progrès à Puyloubier et
10 ans de travail rigoureux pour nos deux établissements publics font de notre modèle d’entraide une référence pour les armées ; modèle qui mérite au demeurant un investissement sans cesse renouvelé de tout un chacun, légionnaires comme amis.

 

Le général commandant

la Légion étrangère