Alors que nous venons de commémorer les 70 ans de la fin de la bataille de Diên Biên Phu, Geneviève de Galard Terraude, “Mam’zelle” comme la surnommaient les légionnaires, s’est éteinte à l’âge de 99 ans. La famille légionnaire a le cœur lourd tant “l’ange de Diên Biên Phu”, seule femme infirmière dans l’enfer de cette célèbre bataille, a marqué les combattants de la cuvette. Légionnaire de 1re classe d’honneur depuis Camerone 1954, la Légion lui rendra les honneurs qu’elle mérite.
Au début du mois d’avril, au cours de la cérémonie poignante de Camerone, l’émotion était forte parmi ceux qui étaient présents à la maison mère pour l’hommage aux Anciens, tombés en Indochine. Assister à un tel cérémonial donne une idée de la permanence et de la force des vertus militaires. Même si Camerone est passé depuis plus d’un mois, c’est le Képi Blanc du mois de juin qui fait la recension des commémorations de ce combat.
Il convient de revenir sur la première des fêtes de la Légion où les plus hautes autorités du ministère nous ont fait l’honneur de présider les cérémonies : le ministre des Armées au 2e REG, le chef d’état-major des Armées au 2e REP, où tous deux ont ajouté une palme aux drapeaux des deux régiments, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) à la maison mère, le major général de l’armée de Terre au 1er REC ; l’ancien commandant de la Force Barkhane au 2e REI ; le gouverneur militaire de Paris au GRLE et les officiers généraux de corps d’armées, anciens chef de corps de Légion, au 4e RE et à la 13e DBLE, le général commandant la
6e BLB au 1er REG et, enfin, les COMSUP1 des forces armées dans la zone sud de l’Océan Indien et des forces en Guyane, au DLEM et au 3e REI. Tous ont montré leur attachement à la Légion étrangère pour cet événement ; qu’ils soient remerciés d’avoir rehaussé de leur présence nos commémorations.
Au 1er Etranger, nos Anciens d’Indochine ont répondu présents dès lors que leur condition physique le leur permettait. Au son de la Sarabande de Georg Friedrich Haendel puis du Concerto de l’Adieu de Georges Delerue, le colonel Grué, le major Helferstorfer et le légionnaire de 1re classe Bosy ont remonté la Voie sacrée, encadrés par les pionniers. A travers eux, c’est à tous les combattants d’Indochine et de Diên Biên Phu que La légion étrangère a rendu un hommage saisissant.
Avec le colonel Grué, la Légion a honoré les quelque 250 légionnaires qui se sont battus contre 10 000 assaillants, défendant jusqu’à l’épuisement la citadelle de Dong Khé au mois de septembre 1950. Méconnu dans la geste légionnaire, faute de survivants pour raconter le combat, ce “Camerone des calcaires” du nord du Tonkin a retrouvé toute sa place dans les pages de gloire de la Légion. Enfin, le sergent Georges Pelletier, nommé chef de section au feu au 1er BEP, grièvement blessé après un combat héroïque en décembre 1951 à Xom Moc, a été fait chevalier de la Légion d’honneur, juste récompense pour celui qui, centenaire, a gardé dans sa chair, les stigmates de ce combat. Le porteur, les accompagnateurs et les décorés “sont des figures inspirantes pour tout soldat, de beaux symboles d’une Institution qui entretient et puise dans son histoire les ressources pour faire face aux défis de ce soir et se préparer à ceux de demain qui pourraient être plus exigeants encore2 … ”.
De fait, dans son ordre du jour, le CEMAT nous exhorte à nous entraîner sans relâche, pour être prêts aux affrontements les plus durs. “Demain, s’il le faut, comme vos Anciens de Camerone et de Diên Biên Phu, vous vous battrez avec la volonté de lutter jusqu’à la dernière extrémité pour vaincre”. Aussi, pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté et que les esprits soient prêts, l’article 6 du Code d’honneur du légionnaire retrouve désormais sa version originale : “La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout, à tout prix”. Faire Camerone, certes, mais ne pas oublier qu’il n’y a pas de petites missions…
Pour conclure, à la demande de l’armée de Terre, des COMSUP et des chefs de corps, le ministre des Armées vient d’officialiser le changement de nom du Détachement de Légion étrangère de Mayotte (DLEM). à compter
du 1er juin et afin de lui donner de la visibilité en interministériel et au sein des unités du “rocher”, le 5e Régiment étranger se substitue au DLEM, en devenant le régiment de Mayotte et récupère toutes les traditions du “Régiment du Tonkin”.
Le général commandant
la Légion étrangère