LE

Yom de Saint-Phalle, figure de l’art contemporain et l’un d’entre nous

Retour
| 01 Avril 2019 | 11691 vues

Allocution du général Mistral, COMLE, à l'occasion du vernissage de l'exposition "Yom de Saint Phalle : More Majorum".

 

 

A la jonction de ces deux univers

 

"Je suis très heureux que nous nous retrouvions ici pour renouveler l’expérience d’un partenariat entre le centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs et le musée de la Légion étrangère, après le succès de l’exposition Hans Hartung en 2016.

Ce serait mal connaître l’armée et le monde de l’art, ce serait mal juger le soldat et l’artiste que de s’imaginer que l’univers de la Légion étrangère, troupe réputée pour son âpreté et sa rusticité au combat, n’a rien à voir avec celui de l’art et des artistes. Nombreux sont les peintres, écrivains, sculpteurs, musiciens, cinéastes à avoir servi à la Légion étrangère. La liste serait trop longue à établir mais laissez-moi en citer quelques-uns : l’écrivain Cendrars, le jazzman Cole, les peintres Hartung, Kupka, Zinoviev mais aussi des sculpteurs Arthemoff et Zadkine. 

Que trouve-t-on à la jonction de ces deux univers ? 

A l’origine du légionnaire et de l’artiste se trouve l’engagement. L’engagement personnel, mental et physique. « Légionnaire tu es un volontaire », dit notre code d’honneur. C’est bien l’engagement, ce choix intime et fort, cette volonté, qui pose les fondations et fixe le cadre d’une action nouvelle et qui fait du futur légionnaire ou de l’artiste en devenir, le maître absolu de sa trajectoire initiale. A la Légion comme en art, il y a le vertige et l’exaltation du commencement, il y a l’oubli du passé, il y a l’homme confronté à la page blanche de l’avenir, du message à faire passer, et bien sûr, à travers tout cela, le vaste sujet de sa propre place. S’engager, c’est faire le premier pas vers sa propre dignité, à laquelle un sursaut de volonté donne le premier gage.   

Et puis il y a le chemin. Une carrière de légionnaire ou l’itinéraire d’un artiste, c’est aussi et surtout des rencontres : une rencontre avec soi-même d’abord ! Et une rencontre avec des hommes du monde entier, au-delà du confort personnel, dans les soubresauts intimes de la quête de sens, de l’oubli de soi, de la recherche de ce que l’on veut accomplir ou plus encore, de ce que l’on veut être.

Peut-être sans réellement savoir tout cela, voilà qu’un jour de 1995, un jeune homme de 25 ans décide de rejoindre la Légion étrangère. Guillaume de Saint-Phalle est très sportif et en pleine forme, il est donc sélectionné. Il devient le légionnaire Gérard PERA, matricule 185 515. Rupture, page blanche. Il termine en tête de sa formation initiale à Castelnaudary et rejoint le prestigieux 2ème REP à Calvi. Il trouve sa place, s’inscrit ainsi dans une certaine lignée familiale (qui oblige un peu, disons-le) et puis il se révèle à lui-même, absorbe ce que la Légion apporte en tant que creuset de formation et d’entrainement du soldat : mettre une énergie individuelle au service de la force collective, maîtriser l’espace et le temps, être vigilant et réceptif au monde qui entoure, et surtout, surtout, percevoir ce que la matière cache mais ce que le cœur lui, voit bien, c’est-à-dire ce qui est impalpable mais qui est l’essentiel : les valeurs qui motivent les soldats, les émotions qui guident les hommes ou les passions qui les enivrent. Voilà qu’à la Légion étrangère, il y a une force invisible à travers chaque chose visible : la discipline lors des prises d’armes, le surpassement de soi lors des épreuves sportives, la peur et le courage au combat, l’humilité et la solidarité qui motivent le service de tous les jours.       

Ainsi, Yom de Saint-Phalle sert avec honneur et fidélité pendant six ans, son dernier poste sera Djibouti au sein de la 13ème DBLE. Puis il quitte nos rangs et poursuit son itinéraire artistique, itinéraire éclairé après qu’il eut quitté la Légion, par l’œuvre de sa tante Niki de Saint Phalle et de celle de son mentor, Raymond Hains.

 

 

Yom de Saint-Phalle, figure de l’art contemporain et l’un d’entre nous.

 

Je salue aujourd’hui l’occasion unique que nous avons de mettre en valeur l’œuvre de Yom de Saint-Phalle, figure de l’art contemporain et l’un d’entre nous.

Cette double exposition vous permettra de découvrir l’ensemble de son œuvre, y compris ses méthodes, les différents matériaux utilisés et les techniques employées. Il nous invite à dépasser la matière, à aborder la sculpture de manière empirique, apprise sur le tas, en entreprise de chaudronnerie, de serrurerie, auprès de carrossiers, ou encore auprès d'ébénistes ou de menuisiers. Cette exposition est aussi un hommage rendu par l’artiste à l’institution et aux personnalités qui l’ont formé. Le parcours du musée a été ainsi conçu, autour du thème de « More Majorum », « à la manière de nos anciens », devise régimentaire partagée par les deux régiments dans lesquels il a servi.

Merci à Guillaume de Saint Phalle, pour nous avoir permis de présenter ses œuvres, et pour avoir participé à l’élaboration de l’exposition, à cette aventure.

Merci à la Ville d’Aubagne, et particulièrement au centre d’art des Pénitents noirs et à sa directrice Coralie Duponchel pour avoir rendu possible ce partenariat, et pour leur investissement dans le projet.

Merci à toute l’équipe du musée et à ma Division rayonnement & patrimoine qui maintiennent un rythme soutenu d’activités culturelles.

Merci à la SAMLE pour le soutien financier des expositions temporaires.

Merci également à la Fondation du Crédit Agricole, notre fidèle mécène, pour le soutien qu’elle nous a de nouveau apporté.

Enfin merci à vous tous d’être venus ce soir pour partager ce moment de culture à la fois artistique et légionnaire et de convivialité autour de cette exposition."