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Se souvenir des grandes choses

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| 05 Avril 2012 | 16522 vues
Editorial du COM.LE du Képi blanc N° 742

L'actualité militaire de ces derniers mois a été particulièrement riche en événements permettant d'exprimer la reconnaissance de la Nation à l'égard de son armée et de ses soldats. Viennent à l'esprit des événements aussi variés et émouvants que la mise à l'honneur d'un de nos grands Anciens, le commandant Denoix de Saint Marc élevé à la dignité de Grand'croix de la Légion d'honneur, l'adoption de la loi fi xant la date du 11 novembre pour commémorer le sacrifi ce de tous les soldats morts pour la France ou le lancement du projet de réalisation du monument national à la mémoire des militaires morts en opérations extérieures. Et tout récemment, l'hommage national aux trois parachutistes assassinés.

S'agissant de la Légion étrangère, ce sont nos régiments qui sont mis à l'honneur, à travers la croix de la Valeur militaire avec palme. Déjà remise au 2e REG, elle le sera prochainement au 1er REG, au 2e REI, au 2e REP et au 4e escadron du 1er REC pour leur comportement en Afghanistan. Le 2e REP recevra également cette décoration pour récompenser son engagement dans l'opération Bonite de 1978 à Kolwezi.

Toutes ces mesures ont des vertus essentielles. Prenons le temps d'y réfléchir.

Participer à la cérémonie de décoration du drapeau de son régiment est naturellement, source d'une très grande fierté. Chacun s'approprie légitimement une parcelle de cette gloire qui rejaillit pour la qualité des actions menées. Mais un tel cérémonial oblige le cadre ou le légionnaire présent sur les rangs. En son for intérieur, il se pose des questions simples. Ai-je été digne de ces honneurs ? Suis-je à la hauteur du défi ? Serai-je prêt le jour où le régiment repartira ? Ces commémorations confortent notre détermination et notre engagement de tous les instants au service de la France.

Après une telle cérémonie, le regard sur nos emblèmes change et chacun cherche à comprendre la symbolique des noms de batailles qui ornent ses plis. On devine alors les efforts et sacrifi ces qui se cachent derrière les inscriptions et décorations que portent le drapeau ou l'étendard. Chacun se sent ainsi membre d'une communauté qui a marqué l'Histoire, qui l'a écrite, par l'effort et le sang. Chacun sait que la connaissance du passé et la fierté qui en découle sont sources d'ardeur, de courage et d'ambition pour vivre le présent et se préparer face à un avenir toujours incertain.

Ce cérémonial apporte une légitime confi ance, renforce le sens du devoir et dynamise face aux missions à venir. Il soude les hommes entre eux, les rend plus forts pour relever les défis du lendemain. Il renforce l'esprit de corps, celui qui permet aux Hommes de se surpasser, aux unités d'atteindre des sommets, de réaliser ce qui serait l'impossible et au fi nal de remplir la mission : "La montagne barrait la route. L'ordre fut donné de passer. La légion l'exécuta", lit-on à l'entrée du tunnel de Foum Zabel.

Il est donc nécessaire, et même essentiel de se souvenir des grandes choses et de prendre le temps de les commémorer en gardant à l'esprit que derrière un succès, une victoire, il y a toujours des hommes. Et tout repose sur leur comportement au quotidien comme en situation difficile.

Nos soixante légionnaires tombés à Camerone ne mesuraient pas l'écho que pourrait avoir leur sacrifice. Ils ont courageusement tout donné : "Les hommes font l'Histoire, mais ne savent pas l'histoire qu'ils font", écrivait Raymond Aron. Alors prenons le temps de nous souvenir de cet héroïsme qui nourrit notre ardeur de combattants et retrouvons nous très nombreux dans quelques semaines pour fêter Camerone.