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Honneur à nos morts !

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| 08 Novembre 2011 | 20867 vues
Editorial du COM.LE du Képi blanc N° 737. A l'occasion de la fête de Saint Michel au 2e REP, un mémorial à la gloire des 1 400 légionnaires parachutistes morts au combat depuis 1948 a été inauguré.

Dans le même temps, le ministère de la Défense envisage d’édifier un monument dédié aux soldats morts pour la France au cours des récentes opérations extérieures. À l’approche du jour des morts qui voit fleurir les cimetières
de tous les villages et des cérémonies commémoratives du 11 novembre, arrêtons-nous quelques instants pour parler d’un sujet qui nous concerne tous et peut donner du sens à notre vie, la mort.

Le souvenir des morts fait partie intégrante de la vie du soldat qui entretient une relation unique avec la mort. Son action au combat n’est pas toujours limitée à la légitime défense. Il peut être amené à détruire une résistance par une action de vive force. Et pour accomplir sa mission, il peut
rencontrer la mort ou tuer son adversaire. Ainsi, la mort est-elle partie intégrante de ce que nous appelons le métier des armes. C’est une singularité de notre état de militaires ! Et tous ceux
qui ont participé à des opérations de combat savent exactement de quoi je veux parler. En se souvenant de ses frères d’armes, le soldat se trouve renvoyé à ce qui est l’un des éléments essentiels de sa vocation.

Ayant fait le choix de servir un pays qui n’est pas le sien, le légionnaire est différent du soldat français, même devant la mort  !

La France n’est pas sa patrie d’origine, ses parents, ses grands-parents n’y sont pas enterrés, il ne meurt pas pour la tombe de ses ancêtres ou pour une terre qui n’est pas la sienne. Il ne tombe pas pour la sécurité ou l’héritage immatériel de son pays.
Mais alors, pour quoi meurt-il ?
Pour autre chose ! Il meurt pour honorer le serment qu’il a fait le jour où il a coiffé avec fierté son képi blanc : “Nous promettons de servir avec Honneur et Fidélité”. Ces paroles sont aussi simples que riches de sens. S’il doit mourir, ce sera par fi délité aux paroles qu’il a prononcées, à l’engagement qu’il a contracté et qui demeure une démarche aussi particulière que difficile.
Le légionnaire tombe aussi pour la Légion étrangère, pour s’inscrire dans la ligne de tous ces étrangers qui avant lui ont pris les mêmes engagements, et fait le même sacrifice pour un pays
qui n’était pas le leur. Il meurt pour ses camarades légionnaires, pour ses chefs !
Ainsi, pour le légionnaire, se souvenir des morts, c’est honorer un engagement, celui d’accomplir la mission. C’est renouveler sa fidélité, ciment de la Légion étrangère et ressort moral de sa capacité opérationnelle.

Mais ne sombrons pas dans un idéalisme naïf et un héroïsme gratuit. Ce qui compte, ce n’est pas le sacrifice, c’est le succès de la mission. Notre ambition n’est pas de tomber au combat pour entrer dans les livres d’histoire. Notre ambition doit être de mener à bien les missions qui nous sont confi ées, de l’emporter là où nous sommes engagés, d’être meilleurs que l’ennemi. Nous en connaissons le prix : entraînement, discipline, maitrise de soi, autorité, rigueur...Préparons nous sans jamais faiblir, sachons respecter nos morts et accompagner dans la durée nos blessés.

C’est pourquoi le 2 novembre, jour des morts, j’irai honorer la mémoire des légionnaires qui reposent au cimetière de la Légion étrangère à Orange, dans notre “caveau de famille”, où sont
enterrés ceux d’entre nous morts en service. Je me rendrai aussi au cimetière de Puyloubier pour y honorer nos anciens. J’invite chaque cadre et légionnaire à prendre ce temps de recueillement,
de réflexion, pour se souvenir de nos morts et redonner du sens à notre mission.

Enfin, le respect que nous témoignons à l’égard de nos morts contribuera, je l’espère, à développer dans le coeur de la population, l’attention et la reconnaissance à l’égard des soldats
français ou étrangers qui servent la France, et sont prêts à mourir pour elle.

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