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Le 3REI entre Harpie et Titan

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| 04 Octobre 2017 | 32840 vues

Formés en forêt et équipés spécialement pour le terrain difficile du CSG, les légionnaires du 3REI de Kourou assurent la protection terrestre de la base depuis Ariane 1, en 1979. Une mission exaltante et rugueuse.

 

 3 REI et Centre Spatial Guyanais : une relation de plus de trente ans

Ils sont presque invisibles, et pourtant indispensables. Si l’on ne les voit pas, ou très peu, les légionnaires du 3e REI veillent depuis trente-huit ans sur les lanceurs qui décollent depuis le Centre Spatial Guyanais (CSG). En effet, le 3e REI est lié dès son arrivée en Guyane avec le CSG. En 1973, quand les légionnaires arrivent à Kourou depuis Madagascar, qui vient d’obtenir son indépendance, ils participent à des travaux d’aménagement pour le CSG. Puis, en 1979, avec Ariane 1, le régiment est engagé sur la protection de la partie terrestre du CSG. Presque trente ans plus tard, en 2008, la mission du 3e REI a pris officiellement le nom de Titan

Depuis lors, le régiment de Kourou assure la protection terrestre de la base et protège ainsi une « installation prioritaire de défense », le plus haut niveau de classification établi par l'Etat. A chaque lancement, ils sont déployés par dizaines autour des PIV (Points d’importance vitale) afin de veiller sur les installations et le lanceur. Plusieurs heures voire plusieurs jours avant les transferts et les lancements, les compagnies de combat intensifient les contrôles. Elles patrouillent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La composante terrestre est la plus importante en termes de volumes et de moyens engagés, en personnels et en matériels, en particulier en termes de véhicules.

La sécurité du CSG est une mission permanente et prioritaire que l’Etat a confiée aux Forces armées de Guyane (FAG). TITAN est devenue une opération interarmées, c’est le commandant supérieur des FAG (COMSUP FAG), qui en coordonne et synchronise les trois composantes : terrestre, aérienne et maritime.  Les effectifs globaux varient en fonction du type de lancement et de la zone à protéger. Ils peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines de personnes.

La protection terrestre est composée de deux volets. Le premier est le contrôle de zone : les légionnaires vont patrouiller, se positionner sur des points d’observation, chercher des indices de passage… Le second volet, ce sont les artilleurs sol-air qui le prennet en compte. Complémentaires du dispositif de la composante aérienne et sous le contrôle d’une haute autorité de défense aérienne, ils sont sur des plateformes en hauteur, disséminées sur le territoire. Ils sont équipés de missiles très courte portée capables de détruire un aéronef qui entrerait à basse ou très basse altitude dans l’espace aérien du CSG.

 

 

Une exceptionnelle adaptation au milieu

Sur ce terrain extrêmement difficile qu’est le territoire du CSG, le 3e REI de Kourou a dû s’adapter : il patrouille en 4X4, en quads, et surtout avec des engins chenillés. C’est le joker pour aller dans tous les milieux. Ces engins  peuvent passer dans les savanes, être immergés dans les marécages impraticables et se déplacer sur la route sans changement de configurationEt, quand ça devient vraiment difficile d’avancer, la Légion étrangère continue à pied. Sur les criques, les patrouilles se font en pirogue ou en kayak. Comme en forêt pour Harpie, l’objectif est de vérifier qu’il n’y a pas de présence humaine, de détecter les anomalies et de pister d’éventuels intrus. Cela ne souffre d’aucune imprécision ni d’à peu près. Si quelqu’un passe, c’est l’échec. Le dispositif a montré toute son efficacité en octobre 2016, quand l’intrusion d’une embarcation dans la zone protégée a provoqué un arrêt de la chronologie et la mise en branle de tout le système d’alerte. Au final, il y a eu une véritable intervention sur une menace qui n’en était pas une. Mais ça a au moins prouvé que le dispositif était cohérent, réactif et crédible.

Pour mener à bien ses missions, en totale synchronisation avec les opérations de lancement, le 3e REI entretient des liens étroits et privilégiés avec le service sûreté-protection (SDP/SP) du CNES, garant de la sécurité intérieure du CSG et interface pour la sécurité extérieure. Ensemble, ils ont déjà commencé à préparer la protection d’Ariane 6. Le jour où la première Ariane 6 sera lancée, le dispositif sera en place et adapté. Vu les perspectives d’avenir du CSG, la collaboration avec le 3e REI ne peut que perdurer voire se renforcer.

 

 

« Fiers de servir »

À 7 000 km de la métropole, les légionnaires sont en mission longue durée (MLD) à Kourou pour une durée de trois ans. Ceux qui sont mutés ici sont volontaires. Ils savent qu’ici, ils auront des missions opérationnelle intéressantes et concrètes. En effet, lorsqu'ils ne sont pas mobilisés sur la protection du CSG, les légionnaires luttent contre l’orpaillage clandestin à l’intérieur de la Guyane, dans le cadre de l’opération HARPIE.Une autre mission importante sur ce territoire aux frontières noyées dans la forêt.

Pour ces cadres et légionnaires qui ont été longtemps déployés sur des opérations extérieures, être engagés sur les opérations Harpie ou Titan, ce n’est pas moins exaltant. Ce n’est pas parce que c’est sur le territoire national que c’est moins important, au contraire. Militairement parlant, chacun y attache exactement le même sérieux. A la Légion étrangère, on ne choisit pas ses missions, on accomplit celle qui nous a été données, sans état d’âme et en étant fiers de servir.