Par Patrice PALAU | Publié le 29/04/2017 à 06:05 | Le Dauphiné
Alors que le mythique combat de Camerone sera commémoré [le 30 avril] avec faste dans tous les régiments de la Légion étrangère, ainsi que sur les théâtres d’opérations où cette unité d’élite est engagée, Jean Maurin est un général heureux.
Celui qui depuis 2014 commande cette troupe de près de 9 000 hommes indique en effet que tous les voyants sont au vert : « La Légion étrangère va remarquablement bien. » Tous les voyants, sauf un peut-être. Car si le nombre d’incorporations est à la hausse, par la volonté du président de la République suite aux attentats de 2015, le général Jean Maurin concède rencontrer des difficultés à intégrer des Français dans ses rangs : « Grâce à internet notamment, nous n’avons aucun problème en ce qui concerne les étrangers. Il faut savoir que nous pouvons aussi recruter des Français, qui servent à titre étranger, mais que nous avons beaucoup de mal. Alors que nous avons 150 nationalités, nous recrutons seulement un Français sur dix légionnaires. »
Pour lui, les raisons de cette relative désaffection tiennent en peu de mots : « D’abord les métiers à risque, comme la police ou les pompiers recrutent beaucoup. Ensuite, la Légion étrangère est exigeante et nos compatriotes ne sont pas éduqués à la contrainte. Un Népalais par exemple sait ce que c’est que d’avoir faim. » Voilà qui est dit. Et si « la Légion étrangère va remarquablement bien » c’est donc parce que son pouvoir de séduction sur la scène internationale est intact. D’ailleurs un premier ressortissant botswanais vient d’être recruté. Mais c’est également parce qu’un certain nombre de régiments est en pleine restructuration, afin d’atteindre les objectifs fixés par le Chef de l’Etat.
C’est ainsi, par exemple que la 13e demi-brigade de Légion étrangère qui était stationnée aux Emirats Arabes Unis a récemment été transférée sur le plateau du Larzac, dans le massif central. Elle est passée de 60 hommes à 1200. Le 4e régiment étranger de Castelnaudary, où chaque nouveau légionnaire suit sa formation initiale, a aussi été sensiblement renforcé. Le général Jean Maurin se félicite de cette « montée en puissance » qui ne se faire qu’avec « l’investissement de chaque cadre et légionnaire ».
La règle d’or est : « ici, c’est comme ça »
Si la Légion va recruter 1300 hommes en 2017, car elle n’est pas ouverte aux femmes, c’est en raison de plusieurs types de menaces. En France d’abord, avec sa participation à l’opération Sentinelle déployée pour faire face au risque terroriste et protéger les lieux sensibles. Mais aussi partout dans le monde où la force opérationnelle française est engagée pour lutter contre les groupes armés djihadistes, dans la région du sahel notamment, sous l’étendard de l’opération Barkhane. De la Légion étrangère, à la faveur de sa réputation mais aussi de l’image assez juste que renvoient d’elle le cinéma et la littérature, on croit tout savoir. La dimension sacrée de la mission, ses valeurs, et cet amalgame unique au monde de soldats étrangers engagés au péril de leur vie au service de la France.
Le général Jean Maurin considère que l’exceptionnelle force combattante de la Légion étrangère, « qui s’adapte mais ne vieillit pas », est due à ses principes fondateurs : « chaque légionnaire est une brique de la maison légion, et doit appliquer strictement le règlement. Alors que le code d’honneur du légionnaire est notre bible, la règle d’or est : ‘ici, c’est comme ça’. Nous savons que c’est difficile mais nous ne sommes pas venu te chercher, si tu es content tu restes, sinon tu t’en va. Mais nous mettons de la pâte humaine dans tout ça, car nous devons le guider pour lui faire respecter son engagement ».
| Ref : 543 | Date : 29-04-2017 | 46610