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Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité

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| 03 Avril 2017 | 33414 vues

Ce premier article du code d’honneur du légionnaire est l’alpha du credo des képis blancs. Déjà en 1937, le mémento du soldat de la Légion étrangère, commençait en ces termes : « Légionnaire, tu es venu volontairement à nous. De ton gré, tu t’es engagé à servir avec Honneur et Fidélité… Comme tes anciens, tu serviras de toutes les forces de ton âme et, s’il le faut, jusqu’à l’ultime sacrifice, cette Légion devenue ta nouvelle Patrie, et tu conserveras toujours en ton cœur cette devise : « Legio Patria Nostra ». »

Le thème « Volontaire » de cette année 2017 rend hommage à tous ceux qui ont choisi de rejoindre les rangs de la Légion étrangère pour défendre la France. Képis blancs d’hier ou d’aujourd’hui, ou bien supplétifs vietnamiens ou encore harkis combattant dans les rangs de la Légion, leur seule volonté a été d’être à la hauteur de l’héritage légué par nos héros de Camerone, en restant fidèles souvent jusqu’au sacrifice ultime : « dans un monde et une époque de petite foi, ce legs donne la certitude grave, exaltante, durable, d’agir et de servir un idéal d’honneur et de fidélité qui nous dépasse » écrivait le général Olié.

 

 

 Volontaire et libre.

A l’origine de cet idéal, il y a d’abord le volontariat, expression pleine et tangible de la liberté individuelle. Pourquoi s’engage-t-on à la Légion étrangère ? « A cette question, il y a presque autant de réponses qu’il y a de candidats, car le cœur et la volonté des hommes sont mus par des pulsions les plus variées », répondait humblement le général Gaultier, qui précisait par ailleurs : « Le légionnaire anonyme ! C’est celui qui certain matin éclatant de soleil ou certain soir déjà envahi par la nuit a débarqué du train à Marseille, lourd d’un passé qui ne regarde que lui et qui ne sera scruté, avec toute la discrétion requise, que pour évincer les brebis galeuses indignes de l’honneur de porter le képi blanc et germes de contamination. Encore hésitant, il est attiré par le havre où il pourra oublier ses misères, guérir de ses blessures, se racheter de ses fautes, fuir la géhenne d’une existence trop veule ou mal engagée ou décevante ou trop avare de ses faveurs, contracter des amitiés et vivre avec elles et avec honneur dans l’exaltation d’aventures avouables. »

Cet acte de volontariat est donc intrinsèquement libre. Pierre Mac Orlan écrivait en 1935, dans « Légionnaire » : « les légionnaires sont libres autant qu’un homme peut l’être. Ils paient leur impôt à un seul guichet. Dans quelques années, ce ne sera plus le chômage qui enverra des hommes à la Légion, mais le besoin de reconquérir une liberté de pensée, asservie par une discipline sociale autrement rude que la discipline militaire de la Légion. »

 

Volontaire, discipliné, et déterminé.

Le légionnaire s’engage à servir, en acceptant les règles de la Légion. « Ici, c’est comme çà ! » pourrait-on résumer. Cette discipline stricte mais librement consentie fait la force de la Légion. Elle répond à la fois aux exigences du combat et aux nécessités de la vie en communauté de la famille légionnaire. C’est d’abord en cette unité des cœurs que croit le légionnaire. Déjà en 1937, le mémento du soldat de la Légion étrangère rappelait cette vérité : « la force de la Légion réside avant tout dans la confiance absolue et réciproque qui lie les légionnaires et leurs chefs... Ces chefs sont tes compagnons de souffrance et de danger… »

La détermination est le triomphe du « malgré », comme le dit clairement le général Olié : « rien de grand ne s’accomplit que « malgré », malgré les obstacles dont le plus sévère est l’égoïste instinct de conservation. Tout le courage du soldat est fondé sur le triomphe de ce « malgré ». »

 

Volontaire, honnête et fidèle au service éternel de la France.

Citant un légionnaire, M. Messmer disait : « Beaucoup des hommes qui, au cours des âges, au cours des générations, sont venus à la Légion étrangère, y sont venus pour la liberté. Et en même temps, ils y sont venus par volonté de servir la France. » Dans le livre d’or de la Légion, une personnalité écrivait d’ailleurs : « la France trouve ici son laboratoire d’humanité où scintillent les diversités du monde agrégées sur l’unité des cœurs ».

Le caractère intemporel de la Légion est cité dans le 1er couplet du Boudin, « Au Tonkin, la Légion immortelle… ». Le Maréchal Juin traduisait cette immortalité en ces mots : « Et le temps passera, ces hommes anonymes sous le képi blanc continueront de défiler et de se battre comme ils l’ont toujours fait, relevés par d’autres hommes au même képi blanc, ayant toujours dans les yeux le reflet de cette foi intérieure qui ennoblit la Légion. »

 

Un béret blanc, et onze képis blancs, volontaires !

A l’heure où l’opprobre est à nouveau jeté sur l’histoire de la colonisation française, il me parait essentiel de rendre hommage à ceux qui, à l’autre bout du monde, ont cru en la France, l’ont servie souvent au début par faim, mais qui lui sont restés fidèles jusqu’au bout, simplement, sans calcul, sans jamais trahir, souvent au péril de leur vie, et par reconnaissance pour ce qu’elle leur avait apporté. Le sergent-chef  (ER) N’Guyen Van Phong est l’un d’entre eux. Il est l’un des derniers témoins vivants de ces hommes qui ont tout donné pour la France en rejoignant les rangs de la Légion étrangère au combat. Nul doute qu’en remontant la Voie sacrée, les milliers de supplétifs vietnamiens fidèles à la France, tués ou massacrés par le VietMinh communiste l’accompagneront.

Il sera entouré des pionniers et d’un carré de 11 légionnaires venant de chacune des formations de la Légion d’aujourd’hui. Cela marque la continuité de la Légion étrangère entre ses morts, ses anciens et ses jeunes, car comme l’écrivait  le chef de bataillon de Saint-Marc dans « Toute une vie » : « Le jeune engagé est porté par les ombres de ceux qui l’ont précédé. C’est dans cette invisible compagnie qu’il puise la force d’avancer la nuit. »

 

Par le Général de division Jean Maurin commandant la Légion étrangère