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Les louvoiements de la solde sont-ils légion ?

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| 04 Mars 2014 | 21394 vues
Editorial du COM.LE du Képi blanc N° 763

S’il est une posture connue dans notre armée, c’est bien celle de la gestion des crises. Nous avons tous choisi le métier militaire en espérant l’aventure, la prise de risques, les efforts et le surpassement. Mais la condition première de cet engagement est que nous soyons des soldats. Or, le mot de soldat vient de solde. Le contrat du soldat stipule qu’il est rémunéré pour pouvoir être engagé en tout temps et en tous lieux, là où le service l’impose.

Mais voilà que nous devons tous faire face à une crise peu courante, dans laquelle l’ennemi peut s’attaquer en aveugle à tous ceux qui perçoivent une solde, donc à tout le monde, sans distinction de grade, d’affectation ou d’ancienneté. Le chef d’État-major de l’armée de Terre vient de faire le point devant les généraux de l’armée de Terre. Et, à défaut d’être réglée, la situation est connue. Si le logiciel CONCERTO est devenu un acteur fiable et primordial pour la gestion de nos données individuelles, le calculateur de la solde LOUVOIS marche mal, très mal, et commet des erreurs aléatoires. Que faire alors ?
La décision a été prise par le ministre de la Défense : un nouveau calculateur va être conçu. Rome ne s’est pas faite en un jour ; il faudra plusieurs années avant qu’un outil fiable puisse verser à chacun d’entre nous, son dû. Entre aujourd’hui et ce jour dont nous rêvons tous, nous devons rester vigilants.

Comme dans toutes les crises, il faut cerner la menace et les moyens dont on dispose avant de s’attaquer à l’ennemi avec un seul objectif, la victoire. L’idée de manoeuvre est désormais arrêtée. Il s’agit de se battre sur plusieurs fronts :
- en devançant si possible l’impact des pannes et anomalies sur la solde ;
- en traitant à partir de 2014 les erreurs de soldes identifiées le mois courant, dès le mois suivant ;
- tout en menant le difficile combat sur les arriérés, qui peuvent être des trop-perçus ou des trop-versés, notamment en OPEX.
Cette situation est anormale, nous le pensons, le savons et le disons tous. Mais cela ne suffit pas à redresser la situation qui est peut-être moins douloureuse que celle qu’ont vécue nos ancêtres, soldats de 1914.
Les mesures prises sont impressionnantes. La mobilisation est générale. L’organisme en charge des soldes de l’armée de Terre, le CERHS, Centre d’expertise des ressources humaines et de la solde a mis sur pied un véritable centre opérationnel et a reçu des renforts importants. Des experts y travaillent avec détermination pour aider chacun d’entre nous à toucher une solde conforme à ses droits.

Mais en quoi la Légion étrangère est-elle concernée ? Comme vous l’avez compris, les erreurs aléatoires ne font pas de différence statutaire et tout le monde est une victime potentielle.
Pour participer à ce combat d’envergure mené par l’administration centrale, la Légion étrangère a le devoir de s’investir en agissant à deux niveaux :
- chaque légionnaire doit vérifi er sa solde et alerter en cas de surprise. Il faut que les cadres de contact aident les plus jeunes à comprendre cet aspect essentiel : la solde perçue est-elle normale ? Le point clé est d’alerter au plus vite les chaînes techniques en cas de doute ;
- s’agissant de la manoeuvre sur les arriérés, elle doit être menée avec détermination. Les équipes d’experts sont en place pour traiter un à un ces dossiers. Chacun doit pouvoir récupérer la solde qui lui revient, et l’État, les sommes versées par erreur, même si c’est moins agréable.

La consigne est donc simple : vigilance et précision à tous les niveaux, civisme et réactivité face aux trop-versés, sans manoeuvre de freinage, pourvu que la situation soit claire. Et nous savons que l’action quotidienne auprès de chaque légionnaire sera nécessaire.

Petite précision finale : de même que le légionnaire est soldé comme tous les soldats français, il est assujetti à l’impôt sur le revenu, même s’il n’est pas Français.
Et n’oublions pas que nos anciens tombés à Camerone ont permis de sauver un gros convoi qui était en route pour Puebla, avec trois millions en numéraire. C’était la solde du corps expéditionnaire.