La Légion étrangère honore ses héros à Aubagne

La traditionnelle commémoration du combat de Camerone, en 1863 au Mexique, s'est déroulée jeudi dans le fief de la Légion étrangère, en présence du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers.

 Par Alain Barluet | Publié le 30/04/2015 à 14:16 | Le Figaro

C'est avec le défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées, l'une des cérémonies militaires les plus populaires: près de 10.000 personnes ont assisté jeudi à Aubagne à la traditionnelle commémoration de la bataille de Camerone, geste emblématique de la Légion étrangère, placée cette année sous le signe du 70e anniversaire de la Libération. «Commémorer Camerone, c'est commémorer le courage, le culte de la mission, le respect des anciens, c'est donner à la jeunesse un formidable message d'espoir pour l'avenir», a déclaré le chef d'état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers en affirmant que «l'honneur et la fidélité sont toujours des valeurs qui rassemblent».

Quelque 300 «képis blancs», dont les spectaculaires pionniers, porteurs de la hache et du tablier de sapeur, ont participé à la cérémonie, défilant de leur pas lent et balancé. Corps unique au monde, la Légion étrangère compte actuellement 6900 hommes répartis dans onze régiments et provenant de près de 150 nationalités.

Le rituel de la main de bois du capitaine Danjou

Créée en 1831, à l'époque de la conquête de l'Algérie, la Légion était engagée au Mexique, en 1863, lorsque, le 30 avril, les trois officiers et 62 légionnaires de la compagnie du capitaine Danjou résistèrent toute une journée à 2000 adversaires en refusant de se rendre. Après un combat épique, les cinq derniers survivants chargèrent baïonnette au fusil. «La vie plutôt que le courage les abandonna», selon le récit qui, comme chaque année, résonna sur la Voie sacrée, la place d'armes du quartier Vienot, lieu de la cérémonie. Outre la revue des troupes et la remise de décorations, deux légionnaires ont reçu jeudi leur décret de naturalisation des mains du maire d'Aubagne.

Rituellement, le temps fort est la présentation de la main de bois du capitaine Danjou, la plus précieuse relique de la Légion, retrouvée sur le champ de bataille où l'officier fut tué d'une balle en pleine poitrine, à la mi-journée du 30 avril 1863. Un ancien, l'adjudant-chef François Monarcha, né en Pologne il y a 98 ans «et quatre mois» -le vieux soldat tient à cette précision-, a porté sans faiblir le coffret vitré contenant la main articulée jusqu'au monument au morts, entouré de deux autre valeureux, un ancien Harki et un sous-officier d'origine britannique. «Vos drapeaux n'ont pas de plis assez amples pour contenir tous vos titres de gloire», a souligné le CEMA en s'adressant aux légionnaires.

« Aujourd'hui, l'aventure se poursuit dans les sables et la latérite des théâtres d'opérations »

Général de Villiers

Engagée dans de nombreuses batailles, en Kabylie, en Crimée, au Mexique et au Tonkin, durant le XIXe siècle, la Légion a participé aux campagnes de la Seconde guerre mondiale, puis combattu en Indochine et en Algérie. Plus récemment, elle a été engagée en Côte d'Ivoire, en Afghanistan, au Mali et en Centrafrique. «Aujourd'hui, l'aventure se poursuit dans les sables et la latérite des théâtres d'opérations», a rappelé le général de Villiers. En avril, des légionnaires ont mené une opération aéroportée de grande ampleur contre des groupes armés terroristes, à proximité de la passe de Salvador, dans le Nord du Niger. D'autres éléments de la Légion étrangère s'apprêtent à retourner en Côte d'Ivoire et au Sahel.

 

| Ref : 503 | Date : 30-04-2015 | 13693